juments canadiennes au pré

Médecine préventive du printemps

Par Dre Sarah Poitras-Wright

 

Avec le printemps viennent le fameux test de coggins, les vaccins et les vermifuges, mais est-ce que tout cela est vraiment nécessaire?

 

Le test de coggins

Le test de coggins consiste en une prise de sang qui sert à dépister une maladie contagieuse nommée anémie infectieuse des équidés. Ce virus se transmet par contact sanguin par l’entremise d’insectes piqueurs (mouches d’étable, mouches de cheval, mouches à chevreuil, etc.), d’instruments contaminés ou par le coït. Un cheval peut être porteur de l’anémie infectieuse des équidés sans démontrer de signes cliniques mais représenter un danger de contamination, particulièrement pendant la saison des mouches.Durant la phase aiguë de la maladie, le cheval est en très mauvais état et présente de la faiblesse de même que de la fièvre, menant bien souvent à la mort de l’animal. Aucun traitement n’existe à ce jour pour guérir les chevaux malades. Pour cette raison, la plupart des écuries de pension et des concours exigent un test de coggins négatif de l’année en cours. Cette pratique est idéale afin d’éviter de propager cette maladie grave. Il est aussi préférable d’effectuer un test de coggins à l’achat d’un nouveau cheval car s’il est porteur de la maladie, celui-ci n’a plus aucune valeur marchande et pourrait contaminer votre troupeau. Les résultats des tests de coggins sont disponibles dans les 48 heures mais il est toujours préférable de prendre rendez-vous à l’avance, surtout au printemps, car les médecins vétérinaires et les laboratoires sont très occupés, ce qui peut engendrer des délais plus longs.

 

Les vaccins de printemps

Les recommandations quant aux vaccins peuvent varier selon le régime de vie du cheval. Au Québec, il est recommandé de vacciner tous les chevaux contre la rage et le tétanos. Pour les chevaux qui vont à l’extérieur l’été et l’automne, le vaccin contre l’encéphalite équine de l’Est (EEE) et celui contre le virus du Nil offrent une très bonne protection contre ces maladies transmises par les insectes piqueurs. Les chevaux qui sortent en compétition ou rencontrent de nouveaux chevaux régulièrement devraient aussi être vaccinés contre l’influenza et la rhinopneumonie. Ces vaccins offrent une diminution des signes cliniques et du nombre de cas. Ils doivent être répétés à l’automne puisque l’immunité que confère le vaccin est relativement courte.Les chevaux qui sont nourris avec de l’ensilage ou de grosses balles de foin peuvent développer des signes de botulisme, c’est-à-dire de la faiblesse, incoordination, difficulté à déglutir et la mort. Le vaccin contre le botulisme offre une protection partielle pour les souches présentes au Québec.

La fièvre équine du Potomac est présente au Québec. Elle peut provoquer de la fièvre, perte d’appétit, diarrhée, colique, fourbure et possiblement la mort. Le vaccin offre une protection partielle et de courte durée, mais le traitement avec de la tétracycline est très efficace lorsque la maladie est diagnostiquée rapidement.

Le vaccin contre la gourme est recommandé lorsqu’un cheval arrive sur des lieux où la gourme est présente de façon persistante ou alors si le cheval présente un gros risque de la contracter. Il ne s’agit pas d’un vaccin fait de routine au Québec, des effets secondaires adverses et une immunité variable sont parfois observés suite à la vaccination. La quarantaine des nouveaux chevaux avant de les introduire dans une  écurie est un bon moyen de prévention contre la grippe et la gourme. En général, deux à trois semaines sont suffisantes.

N’hésitez pas à poser plus de questions concernant la vaccination à votre médecin vétérinaire si vous vous demandez si un vaccin devrait être administré à votre cheval, selon sa condition.

 

Vermifuger intelligemment

La tendance en vermifugation a bien changé au cours des dernières années avec l’apparition de résistance aux antiparasitaires. Au Québec, la nouvelle tendance est de faire une analyse de selles (coprologie) une fois par année, préférablement au printemps, pour chaque cheval ou pour un groupe de chevaux et traiter uniquement les individus qui nécessitent un vermifuge avec le produit dont ils ont besoin. Pour les chevaux dont la coprologie est négative, il est recommandé de vermifuger une fois par année, à l’automne, avec un antiparasitaire qui traite les vers plats et les gastérophiles car ces parasites sont difficilement décelés par la coprologie.Les poulains devraient quant à eux être vermifugés à partir de l’âge de deux mois, aux deux mois, jusqu’à l’âge de deux ans, en alternant les familles de produits. Il est recommandé de demander conseil à votre médecin vétérinaire si le poulain n’a pas reçu une ou plusieurs doses de vermifuges. À ce moment, on optera pour le fenbendazole (Panacur ou Safeguard) ou l’oxybendazole (Anthelcide), qui sont efficaces et sécuritaires contre les Parascaris. Ces parasites peuvent être néfastes, voire mortels, si le poulain n’est pas vermifugé avec le bon produit en présence d’une infestation.

L’usage de coprologies permet de traiter de façon plus ciblée les chevaux infestés, réduit les risques de résistance de la population en général et réduit les frais annuels de lutte antiparasitaire d’un troupeau. En effet, la plupart des troupeaux qui font analyser les selles annuellement voient une grande diminution de leur usage d’antiparasitaire dès la première année, les autres constatent l’état de la situation et peuvent réajuster leur façon de faire et verront une amélioration de l’état de santé du troupeau et une réduction de frais d’antiparasitaires à long terme.

Pour faire analyser les selles de vos chevaux, faites-en la demande à votre médecin vétérinaire ou auprès du Service ambulatoire équin du CHUV.