Le syndrome d’ulcération gastrique chez le cheval: consensus de l’European College of Equine Internal Medicine 2015

Marion Allano, DMV, Dipl. ACVIM, clinicienne en médecine interne équine

Le syndrome d’ulcération gastrique équin (Equine Gastric Ulcer Syndrome) regroupe l’ensemble des érosions et des ulcérations de l’estomac chez le cheval. Une distinction entre les ulcères de la muqueuse non glandulaire et ceux de la muqueuse glandulaire est à souligner en raison de différences importantes de physiopathologie et de réponse au traitement. Ainsi, le comité recommande de spécifier la région anatomique affectée : Equine Squamous Gastric Disease (ESGD) ou Equine Glandular Gastric Disease (EGGD).

Les chevaux thoroughbred semblent prédisposés aux ulcères non glandulaires comparativement aux autres races, mais ils ont été les plus étudiés également. Le type d’activité sportive constitue un facteur important dans la prévalence des ulcères. Le risque de développer des ulcères non glandulaires est directement proportionnel à  l’intensité de l’exercice. D’un point de vue nutritionnel, ceux-ci sont favorisés par les périodes de jeûne (repas espacés de plus de 6 h), lorsque l’accès à l’eau est intermittent ou lorsque le ratio concentré/fourrage de la ration augmente. Des études épidémiologiques plus larges sont nécessaires pour déterminer les facteurs d’apparition des ulcères chez le cheval, notamment pour la EGGD.

Les ulcères non glandulaires résultent d’une exposition inhabituelle de la muqueuse à l’acidité environnante, tandis que les ulcères glandulaires semblent provenir d’une altération des mécanismes de défense naturelle contre l’acidité locale. Les causes de cette altération sont largement inconnues et les mécanismes impliqués sont probablement multifactoriels. Aucune donnée n’appuie une origine bactérienne. Certains anti-inflammatoires non stéroïdiens (phénylbutazone, flunixine, kétoprofène) administrés à des dosages supérieurs aux recommandations induisent des ulcères glandulaires.

Les signes cliniques les mieux documentés sont une baisse d’appétit, un amaigrissement et des signes d’inconfort après les repas. On ne distingue pas cliniquement les ulcères non glandulaires et glandulaires. L’apparition de stéréotypie est parfois rapportée, mais soutenue par peu d’évidences scientifiques. De façon surprenante, le lien entre ulcération gastrique et contre-performance a été peu étudié. Les ulcères peuvent y contribuer indirectement, mais de nombreux autres facteurs doivent être considérés.

La gastroscopie est la seule technique ante-mortem fiable pour identifier les ulcères gastriques et leur localisation. L’exploration du pylore et du duodénum proximal est essentielle, car les ulcérations non glandulaires et glandulaires apparaissent de façon indépendante. Il n’existe actuellement pas de marqueurs hématologiques ou biochimiques fiables et précis. Le comité recommande une caractérisation standardisée des lésions : le score 0-4 pour les ulcères non glandulaires est conservé. Une description des lésions glandulaires est préférée en raison du manque de données sur la validité d’une gradation. Le lien entre trouvailles endoscopiques et signes cliniques est à étudier plus précisément, car il y a actuellement peu d’évidence pour corréler la sévérité des lésions observées aux manifestations cliniques.

La suppression de l’acidité reste le traitement principal des ulcères, indépendamment de la cause. L’oméprazole est la molécule la plus utilisée et documentée chez le cheval. Des études complémentaires du même auteur que le consensus apportent des données pharmacocinétiques très utiles pour un usage optimal (formulation, dose, effet de la diète). Parce que les ulcères glandulaires répondent de façon inconstante à l’oméprazole, l’ajout de protecteur de muqueuse (sucralfate) est recommandé. La pertinence de traitements préventifs, additionnels (nutraceutiques) et la gestion alimentaire sont discutées.

Prendre connaissance du consensus

Références:

Andrews F, Bernard W, Byars D, et al: Recommendations for the diagnosis and treatment of equine gastric ulcer syndrome (EGUS). Equine Vet Educ 1999;11:262-272

Sykes BW, Hewetson M, Hepburn RJ, et al: European College of Equine Internal Medicine Consensus Statement – equine gastric ulcer syndrome in adult horses. J Vet Intern Med 2015;29(5):1288-1299

Sykes BW, Under wood C, McGowan CM, et al: Pharmacok inetics of intravenous, plain oral and enteric‐coated oral omeprazole in the horse.

J Vet Pharmacol Ther 2015;38:130-136

 

Source: Le Veterinarius + Numéro 15, Vol. 33, No 5, décembre 2017.