Clémentine Gy, D.M.V., I.P.S.A.V., Résidente en médecine interne équine
Jean-Pierre Lavoie, D.M.V., Dipl. ACVIM, Professeur titulaire en médecine interne équine
Oui, la maladie de Lyme, dénommée également borréliose, est transmissible aux chevaux, tout comme aux humains, chiens et chats. Elle est causée par une bactérie du nom de Borrelia burgdorferi qui se transmet par la piqûre d’une tique infectée. Au Québec, Ixodes scapularis, dénommée également « tique du cerf » ou « tique à pattes noires » est celle qui est la plus souvent impliquée. Son milieu de vie est la forêt, les boisés, les broussailles et les herbes hautes.
La prévalence de la maladie de Lyme n’est pas connue chez les chevaux en Amérique du Nord, mais elle est très vraisemblablement au moins la même que pour l’humain. Le gouvernement canadien publie chaque année le nombre de personnes atteintes par la maladie de Lyme et ce chiffre est en croissance depuis quelques années, 128 cas en 2009, 258 cas en 2011 et 682 cas signalés en 2013.
Des missions de recensement de tiques porteuses de B. burgdorferi ont été menées ces dernières années et ont ainsi permis de déterminer les régions du Québec les plus à risque pour le développement de borréliose : une grande partie de la Montérégie, le Sud-Ouest de la région de la Mauricie et Centre-du-Québec, le Nord et l’Ouest de l’Estrie.
Les symptômes de la maladie de Lyme chez le cheval sont non spécifiques, cela signifie que d’autres maladies peuvent conduire aux mêmes signes cliniques. Il faudra penser à cette maladie lorsqu’un cheval présente de la fièvre, de la raideur, une boiterie intermittente présente sur plus d’un membre, une sensibilité musculaire, une perte de poids chronique, un changement de comportement ou encore une hyperesthésie (réaction exagérée ayant lieu après un contact physique ou encore l’exposition à la lumière). Certains chevaux présenteront aussi une uvéite, des nodules cutanés ou encore des signes nerveux comme de la dépression ou de la dysphagie (difficulté à avaler). La distension articulaire typiquement rencontrée lors de maladie de Lyme chez l’humain est rare chez les chevaux.
Les tiques doivent généralement être attachées à l’animal ou à l’humain pendant plus de 24 heures pour que la transmission de la bactérie puisse se faire. Donc si la tique est retirée rapidement, le risque que la maladie se développe est faible.
Malheureusement, étant donné la pilosité des chevaux et la difficulté à inspecter facilement toutes les régions du corps du cheval, la détection des tiques peut être difficile. Si vous découvrez une tique sans savoir depuis quand elle est attachée, retirez-la et conservez-la dans un contenant hermétique. Veillez par la suite à surveiller l’apparition des signes cliniques décrits dans le paragraphe précédent. Ceux-ci peuvent survenir trois jours à trois mois plus tard. Si un de ces signes apparaît, contactez votre médecin vétérinaire. La tique pourra alors être envoyée en laboratoire, s’il y a effectivement une suspicion de borréliose.
Lors de suspicion de la maladie de Lyme, un traitement antibiotique avec des tétracyclines devra être débuté. Pour obtenir une meilleure efficacité, l’antibiothérapie intraveineuse sera recommandée en début de traitement. Celui-ci sera de longue durée, en général d’une période de 3 ou 4 semaines.
Il est important d’effectuer des inspections fréquentes des chevaux vivant dans les zones à risques, surtout en présence de prairies avec de l’herbe haute. L’utilisation de vaporisateurs insecticides à base de DEET ou d’icaridine semble efficace. Veillez à respecter le mode d’emploi de ces produits.
À l’heure actuelle, il n’existe pas encore de vaccin avec licence pour l’utilisation chez les chevaux.
Si vous suspectez que votre cheval puisse être atteint de la maladie de Lyme, ou pour obtenir de plus amples informations sur la maladie, n’hésitez pas à contacter votre médecin vétérinaire.