Dans une perspective de fournir des soins de qualité supérieure à nos précieux patients, et de préparer nos étudiants et étudiantes à la médecine vétérinaire de demain tout en ouvrant de nouvelles perspectives pour la recherche révolutionnaire en matière de techniques/approches chirurgicales, le Centre hospitalier universitaire vétérinaire (CHUV) a récemment acquis une imprimante 3D Flashforge Adventurer 4. Cette acquisition est dédiée, pour le moment, au Service de chirurgie des animaux de compagnie, un projet dirigé par la Dre Dominique Gagnon, professeure adjointe en chirurgie des animaux de compagnie et son équipe. Peu onéreuse si l’on considère tous ses avantages, l’impression 3D aura une application clinique exceptionnelle dans le futur. Celle-ci permettra, entre autres, d’atteindre les standards de soins vétérinaires les plus élevés à l’heure actuelle en matière de gestion de soins peropératoires de ses patients, surtout dans le domaine de l’orthopédie.
L’équipe de chirurgie du CHUV a déjà d’ailleurs utilisé l’impression 3D sur quelques patients depuis son acquisition. Lola, une magnifique Golden retriever femelle, en est un bel exemple. Lola avait été présentée au Service d’urgentologie du CHUV pour de nombreuses blessures myoarthrosquelettiques à la suite d’un accident de la route, dont une fracture traumatique fermée de son acétabulum gauche. Le traitement chirurgical de Lola était complexe et nécessitait, entre autres, une chirurgie impliquant une ostéotomie du grand trochanter afin d’effectuer la reconstruction nécessaire de son acétabulum. Dans l’optique d’assurer une préparation optimale pour l’intervention chirurgicale de Lola et dans le but de réduire la durée de son anesthésie générale, et par conséquent les risques de complications, une approche innovante a été utilisée grâce à l’impression 3D.
En se basant sur l’examen de tomodensitométrie (CT) de Lola préalablement réalisé et l’utilisation d’un logiciel informatique spécialisé, une impression 3D précise de son bassin a été créée. La plaque chirurgicale de Lola a ensuite été choisie en fonction de son gabarit et du type de fracture, notamment, puis adaptée/contournée pour épouser parfaitement la forme de son acétabulum (figure 1). La plaque a ensuite été envoyée à la stérilisation du CHUV, et dès le lendemain l’équipe de chirurgie de la Dre Gagnon a pu procéder à la chirurgie de Lola.
Puisque la plaque était déjà adaptée à la morphologie de Lola grâce à l’impression 3D de son bassin, son installation pendant la chirurgie s’est effectuée beaucoup plus rapidement que si le contournement de la plaque avait été effectué selon la méthode traditionnelle, c’est-à-dire au moment de l’intervention chirurgicale. Ce contournement peut parfois être très long selon la complexité des cas. Plusieurs heures de travail sont effectuées avant la chirurgie avec l’impression 3D, mais sont par la suite diminuées au bloc opératoire alors que l’animal est sous anesthésie générale avec ses tissus exposés à l’environnement ambiant, diminuant les risques de complications. De plus, il ne faut pas sous-estimer le travail physique et mental du chirurgien et de son équipe lors de ces interventions complexes. Réduire le temps opératoire est bénéfique pour tous. La chirurgie et l’anesthésie générale de Lola se sont déroulées sans complications. Une étude radiographique en postopératoire immédiat (figure 2) a été réalisée.
Grâce à une préparation chirurgicale rigoureuse et au strict respect des recommandations postopératoires par ses propriétaires, Lola a connu une récupération sans incident ni complication. Cliniquement, elle se porte très bien à ce jour!
Lola, Golden Retriever de 7 ans
Figure 1 : Impression 3D en cours du bassin de Lola (gauche). Son bassin a été imprimé en image miroir afin d’optimiser le contournement de la plaque (droite).
Figure 2 : Étude radiographique (projection ventrodorsale du bassin (gauche), et projection latérale du bassin (droite)) en postopératoire immédiat démontrant une réduction et une apposition satisfaisantes de la fracture acétabulaire traumatique gauche de Lola et le positionnement adéquat des implants d’ostéosynthèse, incluant celui nécessaire pour la reconstruction du grand trochanter et de sa luxation sacro iliaque à gauche.