chien couché extérieur

Pneumonie d’aspiration : lorsque la nourriture fait fausse route

Marie-Charlotte Higgins, B.Sc, étudiante en médecine vétérinaire
Édouard Martin, D.M.V., I.P.S.A.V., clinicien enseignant en urgentologie et soins intensifs

 

Lorsque l’animal mange, la nourriture passe par l’œsophage, un tube reliant la bouche à l’estomac. L’air, quant à lui, circule par la trachée, un autre tube situé juste en dessous de l’œsophage. Le larynx, à l’entrée de la trachée, joue un rôle essentiel en agissant comme une valve pour empêcher les aliments de pénétrer dans la trachée lors de la déglutition. En temps normal, c’est un système bien organisé où la nourriture et l’air suivent chacun leur propre chemin. Cependant, il arrive parfois que la nourriture, la salive, ou même les vomissements dévient de leur trajectoire et pénètrent dans les poumons. Ce phénomène est appelé aspiration. Selon le type de substance aspirée, cela peut entraîner une inflammation, une infection ou même une obstruction des voies respiratoires, ce qu’on appelle une pneumonie par aspiration.

Pourquoi mon animal a-t-il fait une pneumonie par aspiration ?

Tout d’abord, les chiens sont plus à risque de pneumonie par aspiration que les chats. De plus, certaines conditions, prédispositions anatomiques ou procédures médicales sont des facteurs de risques pour la pneumonie par aspiration. Ils augmentent donc la probabilité d’aspiration. Voici une liste non exhaustive des facteurs de risques à l’aspiration :

  • Dysfonction du larynx (ex.: paralysie laryngée)
  • Maladie de l’œsophage (ex.: mégaœsophage, œsophagite, stricture œsophagienne, hernie hiatale, etc.) 
  • Vomissements et régurgitations récentes (ex.: indiscrétion alimentaire, gastrite, corps étranger , pancréatite, maladie rénale, maladie hormonale, etc.) 
  • Troubles neurologiques (ex.: historiques de crises convulsives, paralysie des nerfs crâniens responsable de la déglutition)
  • Anesthésie récente 
  • Chien avec un syndrome brachycéphale (ex.: le Bulldog anglais, le Bouledogue français, le Carlin, le Pékinois et le Terrier de Boston)

Quels sont les signes cliniques de la pneumonie par aspiration ?

Les symptômes en cas de pneumonie par aspiration ne sont pas spécifiques à cette maladie, mais font plutôt état d’une atteinte respiratoire et la présence d’une infection :

  • Toux
  • Augmentation de la fréquence respiratoire
  • Halètement
  • Respiration gueule ouverte
  • Léthargie
  • Fièvre
  • Perte d’appétit

Comment prendre la température de mon animal ?

Utilisez un thermomètre digital à embout flexible réservé à votre animal. Appliquez une petite quantité de vaseline sur l’embout, puis insérez-le délicatement dans l’anus. Inclinez-le légèrement vers le haut, sans forcer, afin qu’il soit en contact avec la muqueuse et fournisse une mesure plus précise. Communiquez avec votre centre d’urgence le plus proche ou votre clinique vétérinaire si la température dépasse 39 °C.

Comment prendre fréquence respiratoire de mon animal ?

Chez votre animal au repos, calculez pendant 15 secondes le nombre de levées ou de descentes du thorax, puis multipliez ce chiffre par 4.Cela permet d’obtenir la fréquence respiratoire par minute. La valeur devrait être inférieure à 30 ; sinon, communiquez avec un vétérinaire.

Comment diagnostiquer une pneumonie par aspiration ?

La première étape du diagnostic sera toujours de faire un examen complet de votre animal. Puis, selon les conclusions de son examen physique, différents outils de diagnostic vous seront recommandés tels que :

Radiographies thoraciques Elles permettent notamment à votre vétérinaire de visualiser les poumons, l’œsophage, le cœur et les vaisseaux. Cependant, certaines anomalies peuvent mettre du temps à apparaître sur les radiographies. Ce phénomène fait référence à la latence radiographique, soit la période qui s’écoule entre l’infection et l’apparition des signes radiographiques.
Échographie thoracique rapide d’urgence L’échographie thoracique est une autre technique d’imagerie permettant d’évaluer la présence de liquide ou de changements dans le tissu pulmonaire, et ce parfois même avant la radiographie.
Prise de sang Elle permet d’évaluer la présence d’inflammation et/ou de signes d’infection ainsi que l’état général de l’animal, tout en aidant à repérer d’éventuels problèmes de santé ou facteurs de risque associés à la pneumonie par aspiration.
Saturation en oxygène Elle permet d’évaluer la quantité d’oxygène qui se rend aux différents organes de votre animal.

 

Selon le cas, d’autres tests peuvent être proposés, notamment la prise d’un échantillon des voies respiratoires par lavage trachéal, broncho-alvéolaire. Cela permet à votre vétérinaire d’identifier la présence de bactéries et leur type afin d’adapter le traitement à l’agent infectieux en cause. Cependant, cet examen n’est pas toujours nécessaire.

Quels sont les traitements possibles pour une pneumonie par aspiration ?

Les traitements proposés par votre vétérinaire dépendent de l’état de votre animal. Une hospitalisation peut être nécessaire. Lors de l’hospitalisation, des soins de support seront administrés pour soulager les symptômes et aider l’animal à lutter contre la maladie, sans traiter directement la cause. Ces soins peuvent inclurent :

  • L’administration de fluides intraveineux
  • La supplémentation en oxygène
  • Des soins pour aider à dégager les voies respiratoires telles que de la nébulisation ou de la physiothérapie respiratoire.

De plus, en fonction du patient, des soins pour prévenir le risque de vomissements et de régurgitations supplémentaires peuvent être adaptés pour votre animal, tels que la pose d’un tube naso-gastrique, des médicaments anti-nauséeux ou encore des médicaments augmentant la motilité gastro-intestinale (médicaments prokinétiques).

En parallèle, un traitement curatif à base d’antibiotique, administré par voie intraveineuse ou orale, sera prescrit à votre animal.

Quel est son pronostic ?

Le pronostic de la pneumonie par aspiration dépend de la cause sous-jacente et de la gravité des symptômes au moment du diagnostic. En général, environ 80 % des chiens et des chats hospitalisés survivent et peuvent quitter l’hôpital. Cependant, il est important de traiter la cause sous-jacente, afin de prévenir les récidives.

En cas de doute quant à la capacité respiratoire de votre animal, communiquez avec votre vétérinaire ou un centre d’urgence proche de chez vous dans les plus brefs délais.

 

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