La chimiothérapie
Le mot « chimiothérapie » créé généralement une importante réponse émotionnelle chez chacun d’entre nous. Les probabilités que quelqu’un que vous connaissez ou même vous même ayez déjà subi un traitement de chimiothérapie contre le cancer sont assez importantes. Cependant, la réalité de la chimiothérapie chez les animaux est souvent bien différente de celle d’un être humain. Les gens sont souvent surpris et heureux de constater à quel point leur animal tolère bien le traitement de chimiothérapie.
Pratiquement tous les médicaments antinéoplasiques sont susceptibles d’entraîner des effets secondaires néfastes. Cependant, leur effet potentiel contre le cancer l’emporte sur les effets secondaires possibles. En médecine vétérinaire, notre objectif est d’offrir la meilleure qualité de vie possible à nos patients en trouvant un équilibre entre le meilleur traitement possible et un minimum d’effets secondaires ressentis. Nous y parvenons en adaptant nos protocoles pour chaque patient et en travaillant en étroite collaboration avec les propriétaires, puisque ceux-ci sont des membres important de l’équipe!
Voici les effets secondaires les plus communs reliés à l’administration de chimiothérapie :
Alopécie (perte de poils)
Lorsqu’une personne perd ses cheveux suite à un traitement de chimiothérapie, cela peut être dévastateur. Les animaux perdent rarement leur pelage et, lorsque cela se produit, l’impact n’est pas aussi important que chez l’humain. Chez la plupart des animaux, le poil ne pousse pas de façon continue comme chez l’humain. Pour cette raison, ils ne perdent pas leurs poils de façon aussi importante que l’humain. Certaines races, telles que les caniches et les bergers anglais, font exception à cette règle. Chez ces races, le poil pousse continuellement. Ils sont donc plus susceptibles de perdre une grande partie de leur fourrure. Chez les autres races, nous pouvons parfois noter des changements de texture et de couleur, un ralentissement de la repousse des poils (par exemple chez les chiens qui se font toiletter) et une perte des moustaches.
Neutropénie (baisse du nombre d’un sous-type globules blancs)
Il existe différents types de cellules dans le sang. Une baisse du nombre d’un type de globules blancs nous protégeant des infections se nomme neutropénie. Plusieurs agents chimiothérapeutiques peuvent compromettre la capacité de la moelle osseuse à produire des cellules sanguines. Par conséquent, une neutropénie peut se développer 7 à 10 jours après un traitement de chimiothérapie. La neutropénie en soi n’est pas un danger pour votre animal, cependant, l’incapacité à combattre une infection peut devenir problématique. Pour cette raison, il est primordial de toujours effectuer une hématologie avant chaque traitement de chimiothérapie, ainsi que 7 à 10 jours après chaque traitement. Une neutropénie entraînant une baisse des neutrophiles au-dessous de 2.5 milliards/L nous fera repousser le traitement de chimiothérapie. Avec une baisse des neutrophiles au-dessous de 2.0 milliards/L, nous débuterons généralement un traitement préventif avec des antibiotiques.
Gastroentérite
Certains patients peuvent ressentir des effets gastro-intestinaux 2 à 7 jours après un traitement de chimiothérapie. Si votre animal présente l’un des malaises gastriques suivants, nous pourrons lui prescrire des médicaments qui l’aideront à se sentir mieux plus rapidement. Vous pouvez aussi suivre les conseils suivants si votre animal a :
- De la nausée : l’hypersalivation, se lécher les babines et grince des dents sont tous des signes de nausées. Si tel est le cas, retirez la nourriture pendant 6 heures et n’offrez que de petites quantités d’eau ou des cubes de glace. Après 6 heures, vous pourrez offrir de la nourriture en petites quantités. Veuillez vous référer aux instructions sur l’anorexie pour plus de détails.
- Des vomissements : si votre animal vomit, contactez-nous et nous vous donnerons des instructions détaillées. En attendant, veuillez retirer l’eau et la nourriture pour 4 à 6 heures. Après cette période, réintroduisez l’eau en offrant de petites quantités dans le fond d’un bol ou encore en offrant des cubes de glace à lécher. Si votre animal tolère l’eau et semble avoir faim, vous pouvez lui offrir de très petits repas, plusieurs fois par jour. La nourriture humide, à température pièce, est habituellement plus facile à digérer que la nourriture sèche ou la nourriture froide. Vous pouvez aussi cuisiner pour votre animal du bœuf haché maigre ou de la poitrine de poulet cuit et mélanger moitié-moitié avec du riz blanc bouilli. Il est important d’éviter le gras et le sel.
- De la diarrhée : continuez à nourrir et abreuver votre animal de façon habituelle. Vous pouvez aussi ajouter du riz blanc cuit à sa diète (l’équivalent de ¼ de sa portion en riz). Contactez-nous immédiatement si vous notez la présence de sang frais dans les selles ou encore de selles noires et goudronneuses.
- De l’anorexie (perte d’appétit) : il est possible que la perte d’appétit soit reliée à des nausées. Stimulez votre animal à manger en lui offrant des aliments qu’il aime : biscuits, bœuf ou poulet cuit, yogourt, fromage léger, pain, pâtes alimentaires, etc. Il est important d’offrir des aliments faibles en gras et en sel. Si après trois essais (trois aliments différents) votre animal ne veut toujours pas manger, arrêtez et réessayez plus tard. Trop insister risque d’augmenter les nausées et causer une aversion à la nourriture.
Dommages tissulaires
Un agent chimiothérapeutique accidentellement donné en dehors de la veine (périveineux) peut causer des réactions sévères au niveau des tissus environnants. Pour cette raison, la chimiothérapie est manipulée avec soin, par un groupe limité de personnes et est administrée sous supervision constante dans un endroit tranquille. Si une irritation se développe au site d’injection (rougeur, douleur), appliquez des compresses froides pendant 15 minutes aux 3 heures et contactez-nous.
Réactions allergiques
Les réactions allergiques aux produits chimiothérapeutiques sont rares. Cependant, afin de prévenir les réactions allergiques suite à l’administration de certains produits (dactinomycine, L-asparaginase, doxorubicine), nous donnons toujours une injection de diphenhydramine (Benadryl©) avant l’administration de ces produits. Le diphenhydramine peut causer de la somnolence jusqu’à 12 heures suivant l’administration du produit, ne soyez donc pas surpris si votre animal dort beaucoup suite à son traitement.
Autres problèmes
Certains agents chimiothérapeutiques peuvent avoir des effets néfastes sur les organes internes tels que le cœur (doxorubicine), le foie (lomustine), les reins (biphosphanates, carboplatin, cisplatin) ou la vessie (cyclophosphamide). Nous vous recommanderons donc certains tests préliminaires à chaque visite, selon le médicament administré. Il s’agit habituellement d’une échographie ou d’un test sanguin supplémentaire. N’hésitez pas à nous poser des questions avant chaque traitement, il nous fera toujours plaisir de vous expliquer la nature des tests à être effectués.
La visite
Lors de chaque visite dans notre service, votre animal sera examiné par une technicienne en santé animale et un médecin vétérinaire. Les résultats de chaque examen seront notés dans le dossier de l’animal, incluant les paramètres vitaux, la grosseur des nœuds lymphatiques (ganglions) et les résultats des tests. Afin de nous aider à mieux suivre votre animal, veuillez apporter une copie du formulaire de pré-admission à chaque visite. Ce formulaire nous permet de connaître en un coup d’œil vos observations et inquiétudes depuis la dernière visite.
Nous nous efforçons toujours d’effectuer le traitement avec efficacité et rapidité. Cependant, selon le traitement à administrer, un minimum d’attente d’une heure et demie doit être prévu. Vous pouvez soit attendre dans notre salle d’attente, ou encore quitter et revenir plus tard. Il est important pour nous d’avoir un numéro de téléphone où nous pouvons vous joindre en cas d’urgence.
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