Le traumatisme crânien
Par Édouard Martin, D.M.V., I.P.S.A.V., clinicien enseignant en urgentologie et soins intensifs
Les animaux de compagnie peuvent développer un traumatisme crânien suite à une chute, après avoir été frappé par une voiture, une attaque par un autre animal ou tout autre traumatisme. Immédiatement après l’événement, votre animal ne présentera peut-être pas de symptômes importants, mais il se peut qu’il développe progressivement des signes cliniques de traumatisme crânien. Il est donc important d’en connaître les signes d’appel et de consulter un vétérinaire en cas de doute.
Qu’est-ce qu’un traumatisme crânien ?
Suite à un traumatisme direct ou indirect sur le crâne, le cerveau est secoué dans la boîte crânienne. Ceci peut alors causer des lésions dans le parenchyme cérébral : de l’oedème, de l’inflammation, des hématomes voire des fissures/déformations cérébrales. Les chatons et les chiens de petite taille sont plus enclins de développer ces anomalies suite à un trauma.
Quels sont les signes d’hypertension intra-crânienne ?
Le moment d’apparition des signes et leur sévérité dépend de l’intensité du traumatisme. Suite à un incident, les signes cliniques peuvent apparaître plus ou moins rapidement : ils se manifestent généralement dans les minutes à heures suivants mais ceci peut être décalé à quelques jours dans de rares cas.
Les signes cliniques sont variés et comprennent :
- une altération de l’état mental : un animal qui somnole, qui a du mal à se réveiller
- des pupilles asymétrique pouvant ne pas répondre à la lumière
- des mouvements anormaux des yeux
- de la difficulté à se déplacer, des pertes d’équilibre
- des crises convulsives dans les cas les plus sévères
- des saignements au niveau des oreilles ou du nez
- une enflure au site d’impact
- des vomissements
- des difficultés, voire un arrêt respiratoire
- une fréquence cardiaque très basse ou très haute
Les patients traumatisés peuvent présenter d’autres pathologies (saignements internes, fractures, problèmes pulmonaires) se manifestant par d’autres signes cliniques (respiration difficile, boiterie, saignement…).
Même si l’animal semble bien aller après le traumatisme, il est essentiel qu’il ait une évaluation par un vétérinaire rapidement afin de s’assurer qu’il n’y ait pas de lésion interne (hémorragies, pneumothorax, contusions pulmonaires, hernies…) ou autres complications (trauma crânien, fractures non évidentes, arythmies cardiaques…) pouvant engager le pronostic vital.
Quelle est la prise en charge d’un traumatisme crânien ?
L’histoire, l’examen physique et neurologique permettent à eux seul de suspecter un traumatisme crânien. Le traitement mis en place dépend de la sévérité du traumatisme crânien. En généra,l cela comprend des fluides hyperosmolaires pour limiter la pression intracrânienne, des solutés intraveineux, de l’oxygène et de l’analgésie au besoin. Ces patients nécessitent un suivi rapproché des paramètres cardio-pulmonaires et neurologiques pour adapter les traitements à leur évolution clinique. Même si le patient ne semble pas présenter de signes cliniques importants, une surveillance 24h est souvent recommandée afin d’intervenir rapidement si des complications apparaissent.
Dans de rares cas, des examens d’imagerie médicale (CT-scan et/ou IRM) peuvent être nécessaires pour déterminer quelles lésions sont présentes et adapter la prise en charge thérapeutique (médicale vs chirurgicale).
Quel est le pronostic ?
Nos animaux de compagnie présentent des capacités de compensation des lésions cérébrales importantes. Lors de traumatisme crânien léger à modéré, les patients récupèrent relativement bien si des traitements adéquats sont mis en place rapidement. Lors de traumatisme plus sévère, le pronostic vital peut malheureusement être engagé malgré une prise en charge intensive et rapide. Le pronostic global aussi peut dépendre de la présence d’autres pathologies concomitantes.
Certaines anomalies (pertes d’équilibre, pupilles asymétriques…) peuvent perdurer pendant plusieurs jours, voire semaines. Des séquelles sur le long terme, comme des troubles de la démarche ou des crises convulsives, sont possibles bien que rares. Selon l’évolution du patient, une évaluation par un neurologue pourra être envisagée pour adapter la prise en charge.