Par Dre Isabelle Bazin, D.M.V., résidente au Service de médecine du comportement et Dre Marion Desmarchelier, D.M.V., dipl. ACZM, dipl. ACVB, professeure adjointe en médecine du comportement
Pourquoi mon chat fait-il ses besoins hors de la litière ?
Les mictions et défécations inappropriées peuvent être causées par un problème comportemental, médical, environnemental ou encore une combinaison de ces facteurs. Il est donc très important d’exclure une problématique médicale avant d’affirmer que la problématique est d’origine comportementale.
Plusieurs éléments peuvent créer une aversion des bacs à litière, une attraction vers d’autres substrats ou peuvent empêcher le chat de se rendre aux bacs.
Une aversion du bac à litière peut se produire lorsque le chat subit un désagrément lorsqu’il est dans le bac. Cela peut être relié à une odeur (litière parfumée ou litière souillée par exemple), une texture de litière qu’il n’aime pas (les chats aiment généralement les grains de litière très fins), un bac trop petit pour la taille du chat (devrait être au moins 1 fois et demi la longueur du chat), un bac trop haut pour un chat qui aurait de la difficulté à sauter, des bruits forts près du bac faisant peur au chat (comme une laveuse ou une sécheuse), etc.
Lorsque le chat développe une aversion, ou n’a pas accès à un bac à litière pour une certaine période, il peut commencer à faire ses besoins ailleurs et développer une préférence envers un autre matériel comme du tissu.
Certains éléments peuvent aussi empêcher le chat d’avoir accès à la litière. Ceux-ci peuvent être physiques, mais les interactions entre les animaux de la maison sont souvent en cause. En effet, les problèmes de malpropreté sont souvent associés à des agressions entre les différents chats d’un même foyer. L’agresseur peut empêcher la victime de se rendre à la litière et du marquage urinaire peut résulter d’une mauvaise entente entre les félins.
De nombreuses conditions médicales peuvent être rencontrées chez le chat qui présente de la malpropreté comme la cystite idiopathique, des calculs urinaires, le diabète, l’insuffisance rénale, une maladie inflammatoire des intestins, l’hyperthyroidie, des douleurs articulaires, une problématique neurologique et le dysfonctionnement cognitif, entre autres.
Recommandations environnementales
Des modifications environnementales sont primordiales dans la gestion de la malpropreté chez le chat.
Le bac à litière
Objectif : Rendre le bac à litière le plus attractif possible et éliminer les aversions.
- Enlever les selles et urines 1 fois par jour
- Vider entièrement et laver au savon à vaisselle le bac 1 fois par semaine
- Avoir un bac à litière de moins d’un an
- Avoir le bon nombre de bacs (nombre de chats + 1)
- Placer les bacs dans des endroits appropriés (variés, accès facile, pas de stress)
- Utiliser une litière appréciée du chat (faire des essais)
- Avoir un bac adapté au chat et ses préférences (taille, hauteur, couvert, etc.)
- Ne pas déranger le chat lorsqu’il est dans sa litière
En cas de préférence de substrat ou de lieu
Objectif : Rendre les lieux et substrats inappropriés moins ou pas accessibles et le moins attractifs possibles.
- Placer un bac à litière dans le lieu de l’élimination inappropriée
- Placer un échantillon du substrat préféré (par exemple, du tissu) dans un bac à litière
- Bloquer l’accès aux endroits inappropriés
- Placer des éléments déplaisants dans les endroits favoris (feuille d’aluminium, etc.)
Attention ! Rendre un lieu ou un substrat moins attractif sans en parallèle rendre les bacs à litière plus attractifs a de bonnes chances de conduire à un déplacement de la malpropreté vers un autre lieu inapproprié !
Nettoyage des lieux souillés
- Utilisation d’un produit nettoyant enzymatique
- Laisser ensuite sécher puis vaporiser avec de l’alcool isopropylique pour éliminer les résidus graisseux
- Ne pas utiliser des produits à base d’ammoniaque
- On peut utiliser des produits à base de chlore sur les sols en béton et les surfaces en vinyle
Utilisation des punitions
Punir un chat qui urine à un endroit inapproprié a peu de chances d’être efficace. En effet, pour être efficace en théorie, il faudrait que nous puissions être présents 24h/24 pour punir le chat (ce qui serait sans doute plus que stressant pour nous et le chat, et est bien sûr impossible).
Médication et thérapie comportementale
Si la malpropreté est effectivement d’origine comportementale et que la gestion de l’environnement n’est pas considérée suffisante, une médication est parfois nécessaire afin de diminuer l’anxiété d’un ou de plusieurs chats de la maison. Il sera aussi très important de mettre en place une thérapie comportementale dans le but de mieux gérer cette anxiété.