L’anxiété chez le chien: savoir la reconnaître et la traiter

Par Dre Isabelle Bazin, D.M.V., résidente au Service de médecine du comportement et Dre Marion Desmarchelier, D.M.V., dipl. ACZM, dipl. ACVB, professeure adjointe en  médecine du comportement

Qu’est ce que l’anxiété ?

L’anxiété peut se définir comme l’anticipation d’un danger réel ou imaginaire.

Voici quelques signes d’anxiété chez le chien :

  • Comportements défensifs: immobilité, évitement, retrait, fuite, agression
  • Vocalisations, recherche de contact continuel avec une personne donnée
  • Halètements, salivation, tremblements, posture basse, oreilles tirées vers l’arrière, bâillements, léchage des babines
  • Vigilance augmentée: surveillance constante, sursauts, incapacité de relaxer
  • Activité motrice constante (va et vient)
  • Changement dans la routine d’alimentation ou des habitudes de sommeil
  • Malpropreté: miction/défécation dans des endroits inappropriés
  • Destruction d’objets
  • Signes digestifs: vomissements, diarrhée

Lors de situations stressantes, il est possible que toute l’attention de votre chien soit utilisée afin de tenter de gérer cette situation. Il semblera donc ne pas vous entendre. On qualifie cet état d’esprit de «mode urgence».

Pourquoi un chien peut-il avoir besoin de médication pour l’anxiété?

Afin de parvenir à apprendre de nouveaux comportements à votre chien et pour pouvoir ainsi l’aider à diminuer son anxiété, il faut d’abord s’assurer qu’il est en mesure de recevoir de l’information quand des personnes essaient d’entrer en contact avec lui. Dans certains cas, une médication peut être nécessaire afin de diminuer l’anxiété et le rendre plus réceptif à vous lors de situations stressantes.

L’anxiété de séparation est une maladie qui se traite essentiellement avec une médication, car il est très difficile d’apprendre à un chien de nouveaux comportements, notamment de relaxer, lorsque nous sommes absents.

Une étude du Dr. Martin Godbout (diplômé du Collège américain des comportementalistes vétérinaires) a montré que 10% des chiots présentés pour leur première consultation en clinique vétérinaire vont se comporter de façon très différente des autres 90%1. Ces chiots vont parfois mordiller, résister aux manipulations, éviter les contacts physiques, haleter et vocaliser, etc. Cette étude suggère l’existence d’une prédisposition génétique individuelle à l’anxiété chez certains chiens.

Ainsi, la médication peut aider à ce que votre chien soit plus apte à apprendre, mais la thérapie comportementale est essentielle à la bonne communication entre vous et votre compagnon ainsi que son apprentissage de nouveaux comportements.

Qu’est ce que la thérapie comportementale?

L’objectif de la thérapie comportementale est d’enseigner des exercices simples à votre chien en dehors des situations problématiques, comme de vous regarder lorsque vous prononcer son nom ou de s’assoir avant toute interaction. Cela permettra d’établir une communication simple et sans ambiguïté, qui sera par la suite rassurante lors des situations stressantes. Ces exercices vous permettrons éventuellement d’interrompre les comportements indésirables en demandant les comportements que vous souhaitez et que votre chien connait bien.

Les exercices incluent de travailler avec des friandises. Il sera bon d’évaluer quelles friandises sont les plus motivantes. On pourra garder les friandises extraordinaires pour les situations plus difficiles

Que faire en cas de comportement indésirable?

Lors des comportements indésirables, essayez d’interrompre le comportement le plus tôt possible en appelant votre chien et en restant aussi calme que possible. Demandez par la suite à votre chien de s’assoir. De cette manière, vous lui indiquez quoi faire en situation de stress et lui indiquer clairement qu’il n’y a pas de danger.

Il est préférable d’appeler votre chien par son nom et de l’attirer à un endroit avec des friandises plutôt que de le tirer par le collier

L’usage du mot « non »

Une petite fille de 3 ans est allée à la plage avec son père.  Au retour elle vide le sable dans un soulier sur le tapis du salon. Son père dit non. Elle monte à sa chambre et vide le sable de son deuxième soulier sur le tapis de sa chambre. Elle avait compris ce qu’elle ne devait pas faire (vider le sable sur le tapis du salon) mais elle ne savait toujours pas ce qu’elle devait faire… Nous faisons la même erreur avec nos animaux lorsque nous les corrigeons avec le collier étrangleur ou en leur disant « non » et que nous oublions par la suite de leur dire ce que nous voulons.

Le mot « non » peut être utilisé pour interrompre un comportement, mais il doit toujours être suivi d’une demande (viens, assis, reste) sur un ton calme et d’une récompense lorsque  s’exécute. Il est essentiel de toujours lui communiquer le comportement que l’on souhaite. Des directives claires vont diminuer l’imprévisibilité. La prévisibilité diminue l’anxiété.

1Godbout M., Palestrini C., Beauchamp G., Frank D. Puppy behavior at the veterinary clinic: A pilot study. Journal of Veterinary Behavior (2007) 2, 126-135.

 

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