Mon chat urine du sang, que faire?

 

Par Édouard Martin, D.M.V., I.P.S.A.V., clinicien enseignant en urgentologie et soins intensifs

 

La présence de sang dans l’urine n’est jamais normale. Une consultation avec un vétérinaire est souvent nécessaire pour en identifier la cause et la traiter adéquatement. Par contre, cette consultation n’est pas forcément une urgence si votre chat garde un bon état général et qu’il ne présente pas de signe d’obstruction urétrale.

 

Quelles sont les causes pouvant expliquer du sang dans l’urine chez le chat ?

Avant tout, il faut s’assurer qu’il s’agit bien de sang et non pas d’autres molécules pouvant être présentes dans l’urine et changer sa couleur (ex. myoglobines).

Plusieurs pathologies peuvent causer la présence de sang dans l’urine, appelée hématurie. Les causes les plus fréquentes sont la cystite idiopathique féline, les calculs urinaires, les infections urinaires, un traumatisme voire des cancers de la vessie. Dans de rares cas, des anomalies de coagulation et des problèmes rénaux peuvent se manifester par de l’hématurie.

 

Que dois-je surveiller à la maison ?

Les signes cliniques d’inflammation de la vessie (cystite) sont souvent les mêmes, quel que soit la cause sous-jacente : sang dans l’urine, urines beaucoup plus fréquentes et de petite taille, urines en dehors de la litière, inconfort lorsque le chat fait ses urines (ex. miaulement).

Dans certains cas, les chats avec des signes urinaires peuvent développer un blocage urinaire, correspondant à une obstruction de l’urètre (conduit entre la vessie et l’extérieur). Cette condition est beaucoup plus fréquente chez les mâles que les femelles. Une obstruction urétrale se manifeste par un chat qui se met en position dans sa litière pour uriner sans y parvenir, en se plaignant, en tournant en rond et parfois en émettant seulement quelques gouttes d’urine (souvent avec du sang). Dans les cas plus sévères, le chat peut présenter des vomissements et de la faiblesse importante. Il n’est pas rare que ces signes soient confondus avec de la constipation. Si vous pensez que votre chat présente un blocage urinaire, contactez ou consultez immédiatement un vétérinaire, car ceci est une réelle urgence.

 

Qu’est-ce que la cystite idiopathique féline ?

La cystite idiopathique féline est la cause la plus fréquente de cystite et de la présence de sang dans l’urine des chats (+/- 60%).  Elle se caractérise par les signes de cystite décrits précédemment sans qu’une cause précise ne puisse être identifiée. Les études des dernières années semblent converger dans la direction qu’il ne s’agit pas seulement d’une maladie de la vessie, mais d’une maladie systémique puisque de nombreuses anomalies du système nerveux et endocrinien ont été identifiées chez ces patients.

La cystite idiopathique féline est une condition qui affecte les chats d’âge moyen, généralement entre 2 et 6 ans. L’obésité, le manque d’activité physique (chat d’intérieur), la consommation d’une diète sèche de même que le stress sont des facteurs de risque. Lors d’un épisode, les signes durent généralement quelques jours, mais certains chats peuvent présenter une forme chronique avec des signes persistant parfois au-delà de 2 semaines. Certains chats mâles vont malheureusement développer une obstruction urétrale.

 

Quels examens complémentaires votre vétérinaire vous recommandera ?

Pour investiguer une cause sous-jacente en vue d’adapter le traitement, votre vétérinaire vous recommandera probablement des examens complémentaires. Ceux-ci comprendront une analyse d’urine, une culture d’urine pour identifier une possible bactérie et l’antibiotique adapté au besoin, de l’imagerie médicale (radiographies abdominales +/- échographie) voire des prises de sang.

Si tous les examens complémentaires sont normaux et qu’aucune anomalie n’est identifiée, une cystite idiopathique féline sera alors probablement la cause des signes urinaires de votre chat.

 

Quelle est la prise en charge thérapeutique initiale ? 

Les traitements qui seront prescrits par votre vétérinaire dépendront bien entendu des résultats des examens complémentaires et du diagnostic final. Par exemple, si une infection urinaire est diagnostiquée, un traitement antibiotique sera probablement prescrit, basé sur les résultats de la culture bactérienne.

En cas de cystite idiopathique féline, une médication pour traiter l’inconfort peut être initialement prescrite pour soulager le patient. Mais la thérapie environnementale est la base de toute approche thérapeutique sur le long terme, car les animaux atteints de cette condition semblent avoir une réponse anormale au stress et sont à risque de récidive. 

 

Comment prévenir les troubles urinaires chez le chat ? 

Malheureusement les chats présentant des troubles urinaires, notamment atteints de cystite idiopathique féline, sont à fort risque de récidive : on estime que 40 à 50% de ces chats auront une récidive dans l’année suivant le diagnostic. Certains chats auront des épisodes à répétition et plus rarement, des signes persistants. Notre objectif n’est pas de guérir la maladie, mais de contrôler la fréquence et la sévérité des récidives. La thérapie environnementale et alimentaire peut diminuer très significativement les récidives. Il faut cependant que tout changement soit introduit en douceur, un à la fois, et s’adapter aux préférences de chaque chat.

Voici quelques modifications environnementales à envisager pour prévenir les récidives de troubles urinaires chez le chat :

Consommation d’eau :

Il est très important de stimuler la consommation d’eau :

  • Il est recommandé d’administrer de la nourriture en conserve, car elle contient plus d’eau que les croquettes. Ajouter de l’eau graduellement aux croquettes peut aussi être une option si votre chat ne veut pas manger de nourriture en conserve. On peut aussi ajouter de l’eau dans la nourriture en boîte;
  • Du jus de thon peut être ajouté à l’eau pour le stimuler à boire;
  • Vous pouvez mettre plusieurs bols d’eau dans la maison. Assurez-vous que l’eau soit toujours fraîche et disponible. Maintenez une bonne hygiène du bol d’eau;
  • Certains chats n’aiment pas que leurs vibrisses touchent le bord du bol, donc favoriser les bols larges;
  • Tout comme les litières, les bols d’eau et de nourriture doivent être dans un endroit calme et bien accessible;
  • Laissez un bol d’eau adjacent au bol de nourriture;
  • L’usage d’une fontaine d’eau du commerce est efficace pour stimuler la consommation d’eau de certains chats.

Alimentation

De nombreuses diètes d’excellente qualité sont disponibles sur le marché actuellement pour les problèmes urinaires qui agissent en limitant la concentration de l’urine.

Litière

Votre chat doit avoir en tout temps accès à une litière bien propre. Certains chats sont plus capricieux à ce niveau et évitent la litière ou se retiennent plus longtemps si elle n’est pas suffisamment propre. L’hygiène doit être stricte : vider les excréments tous les jours et nettoyer le bac à litière une fois par semaine avec un savon doux (pas de parfum fort).

Le nombre de litières recommandé est une de plus que le nombre de chats présents dans la maison. Une litière devrait également être présente sur chaque étage de la maison.

Il est recommandé de laisser votre chat choisir le substrat (type de litière) et le type de litière (couverte ou non) en en essayant plusieurs. Continuez par la suite avec la même marque en respectant ses préférences. La litière agglomérante non parfumée semble être souvent préférée.

Réduction du stress et enrichissement de l’environnement

Afin de limiter les récidives de cystite idiopathique féline, essayez de favoriser les mesures suivantes:

  • Bols et bac à litière privés (un pour chaque chat) situés dans un endroit calme, sans dérangement de la part d’autres animaux, d’enfants ou d’appareils ménagers (ex. : laveuse);
  • Zones de repos privées où le chat se sent en sécurité et où il peut observer son environnement. Cette zone devrait être surélevée de préférence (ex. : hamac, rebord de fenêtre) ;
  • Poste pour faire ses griffes, station de jeux surélevée;
  • Jeux variés offerts en rotation, activité de prédation imaginaire;
  • Opportunité de sortir à l’extérieur (à juger selon le risque estimé);
  • Amélioration des interactions (ne pas s’imposer).

Certains chats qui présentent des récidives malgré les modifications décrites et qui semblent avoir une réponse au stress inadéquate peuvent avoir besoin d’être pris en charge par un spécialiste en comportement pour adapter les traitements sur le long terme et améliorer la qualité de vie du chat.

 

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