Mathilde Leclère, DMV, PhD. Dipl. ACVIM et Marion Allano, DMV, Dipl. ACVIM
Le syndrome de dysmaturité et hypothyroïdisme associé à une déficience en iode pendant la gestation a été observé dans des élevages du Québec et de l’Ontario à l’été 2022. Ce syndrome est connu dans l’Ouest canadien mais rare au Québec. La déficience des juments en iode semble être associée à une augmentation des nitrates dans les fourrages lors de conditions climatiques défavorables. Ceux-ci interfèrent avec l’absorption de l’iode et autres microéléments.
Les signes incluent: malformations myoarthrosquelettiques (ossification incomplète, contractures, rupture des extenseurs, incapacité à se lever) avec ou sans goitre, gestation prolongée, dysmaturité, prognathisme, ombilic anormal (gros, hernie), infections. L’article suivant détaille les signes cliniques, mais ils ne sont pas nécessairement tous présents chez un même poulain. Le diagnostic est donc difficile quand un seul poulain est affecté.
Comme il y a beaucoup de variations dans les hormones thyroïdiennes et l’iode des nouveau-nés, le diagnostic est basé sur les signes cliniques et le dosage d’iode dans le sérum des juments. Ceci peut être fait à Guelph (Guelph Vet Animal Health Lab, « iodine » short code « iod », spécifier sérum dans requête) ou au Michigan. Les poulains sont aussi souvent déficients en sélénium, cuivre et zinc.
Le pronostic vital et sportif des poulains qui sont peu ossifiés et non ambulatoires est réservé à sombre. En prévention, les juments doivent recevoir de l’iode pendant la gestation et la lactation (1 à 3 mg par jour par jument de 500 kg). Deux cuillérées à soupe (30 g) de sel iodé à 150 mg/kg fournit 4.5 mg, ex : Sifto Canadian Stockman). Elles doivent aussi recevoir des minéraux avec cuivre et zinc, et un supplément de sélénium. Les poulains déficients en sélénium doivent aussi être supplémentés. Comme le syndrome est rare au Québec, que l’absorption de l’iode est variable selon la teneur en nitrates, et qu’une surdose peut causer un goitre, il serait prudent de doser les juments avant et pendant la supplémentation pour éviter les surdoses.
Le CHUV remercie les propriétaires et vétérinaires référents, ainsi que Mme Michelle Tremblay, agronome, qui ont aidé à identifier la condition, ainsi que nos collègues de l’Université de Saskatoon pour leurs conseils.
Mathilde Leclère, DMV, PhD, Dipl. ACVIM
Professeure agrégée en médecine interne équine
Cheffe médicale de l’Hôpital équin
Université de Montréal